mardi 23 octobre 2007

Ailleurs






Redevenir poussière. et souffrir, s'enfouir, s'enfuir.
Absolument partout.

mercredi 10 octobre 2007

Vingt-et-un grammes et c'est l'âme qui s'enfuit

Cafards cafards je ne suis faite que de cafards. Ils grouillent en moi, ils s'amoncellent, ils dégringolent, ils ont des rires francs et des hypocrisies lavées, ils me pourrissent la vie. C'est moi qui suis pourrie, c'est mon âme qui sent la charogne. Je tente parfois, dans des sursauts d'extase, d'exterminer les maudits, les sublimes cafards. Je coince un grand couteau blanc entre les gencives, je ramasse mes cheveux, je me concentre sur les cafards, sur le mal qui ronge mes membres. J'ai un geste pour m'ouvrir le ventre, et tous les suicider, un par un, mais la force me manque, le bras retombe, impuissant. Je vais pour essuyer le sang à mes lèvres, le couteau m'a fendu la joue, mais c'est inutile. Les cafards protestent. J'ai voulu les tuer, me tuer, je dois maintenant afficher ma trahison, mon infâme péché. Un violon gémit, au loin, des plaintes langoureuses, mon corps s'affaise, étranglé par la sinistre peur du vide. Car c'est sans doute cette peur, cette peur de l'absence et du non-être, qui m'a fait abaisser la main. Si je massacre mes cafards, que me restera-t-il à l'intérieur, sinon des cadavres de cafards? Rien. Un grand vide, un néant absolu. Et des masques, des centaines de petits masques empilés à me parer tous les jours pour faire croire au "bonheur". Il me faudrait m'habituer à une petite vie bête et méchante, à un bonheur gentil qui ne demande rien, juste quelques rayons de soleil. Il me faudrait me contenter de peu, être contrainte par la peur, la prudence dit-on, et par le mépris, cesser de donner pour un sourire, mais agir par intêret, fermer les mains, fermer les yeux pleins de songes. Il me faudrait me conformer, rentrer dans le rang avec des sourires faints, et me faire à cette idée d'une existence lasse, passée à amasser des cailloux, des tas et des tonnes de cailloux, les empiler dans la buanderie froide, pour survivre. Ne plus dire non, subir un point c'est tout. Il me faudrait vieillir. Je ne peux me résoudre à tuer mes cafards. Ils sont mon mal, c'est une douleur cruelle mais ils me tiennent en vie, par ce brasier qu'ils allument en moi.
Je soupire, 21 grammes et c'est l'âme qui s'enfuit.

jeudi 4 octobre 2007

Ephéléides


Des armes pour faire triompher la vérité, la vérité sanglante, celle qui vient du peuple, celle qui dressait des barricades à l'époque, celle qui brûle des voitures de nos jours, à la tombée de la nuit. Des armes pour raviver en nous une révolte sourde, cette médiocrité ne peut être acceptée, pour faire monter aux lèvres nues un cri que l'on croyait enfoui, ravalé, étranglé dans son sommeil. Des armes pour rester éveillé toute la nuit, au coin du brasier géant qui dévaste la ville, les autres ne voient rien, ne voient que ce que l'on leur montre.
"Des armes, comme une esthétique de la solitude"
Des armes, il ne faut pas se taire, il faut laisser le sang s'échapper, courir dans la plaine, et former des fleuves dans les canniveaux. Pour rejoindre les égoûts, tous les sangs s'y mêlent. Il ne faut pas avoir peur et baisser les yeux, fermer les yeux, oublier n'est en rien une solution, se voiler la face, croire d'autres facéties, non. Des armes pour la vérité tranchante, blanche sur le noir, avide d'aubes arrogantes, où l'on pourra enfin abaisser les armes car une nouvelle ère est arrivée.
Tout ceci n'est qu'un rêve.
Des armes, des armes, elles hantent les inconscients, elles voudraient hurler, mais on les bouffe, pour étouffer leurs cris de rage et leurs ivresses insoumises.
Tout ceci n'est qu'un rêve, et le vent balaye les rêves, il n'en veut pas, les rêves sont des rêves, Point.

lundi 1 octobre 2007

De la fatalité des corps

Je ne l'avouerai jamais, mais j'ai peur des corps empêtrés, qui s'engluent dans la boue de la médiocrité, qui s'enferment dqns l'ennui des beaux jours. Ces corps-là, qui ne sont qu'attente. Tout le temps. Une attente indéfinie. Ils sont tendus, immobiles, silencieux. De ce silence religieux qui fait l'attente. Ils sont bruyants, empressés, actifs. Ce mouvement pour masquer l'attente. Ils ne font qu'attendre les repas, ou la nuit (le sommeil de la nuit). Aux repas, ils mangent, ils ont toujours quelque chose dans la bouche, il faut manger, vivre pour manger la belle affaire! Et si, parfois, ils veulent parler (soit, ouvrir la bouche dans un autre but que d'y enfourner un aliment); la technique est de mettre de côté la nourriture, dans un coin de la bouche. Cette obsession du "manger" me semble comme une envie, un besoin frénétique de combler le vide senti inconsciemment à l'intérieur. Combler, remplir, anéantir ce vide opulent. Le repas est sacré.
Et l'attente du sommeil, du doux sommeil. L'oubli dans lequel les plonge le sommeil, quelques délicieuses heures d'oubli. L'oubli de ce corps trop lourd à traîner, l'oubli de l'âme cachée à l'intérieur, barricadée, effacée, l'oubli de la peur froide et glauque, l'oubli des gouffres creusés par chacun des pas, tant d'oublis concentrés dans le sommeil. Les corps apprécient ce maigre repos, ce répit que leur offre l'obscurité de la nuit. Et entre les deux, entre les repas et le sommeil, entre ces deux attentes, vivantes et mornes, et même pendant, ils attendent la mort. Celle-là même qui viendra les délivrer comme promis de ce fardeau que les corps appellent "vie". Les corps sont en prière lors de cette attente. Une attente constante, omniprésente, même pendant les repas, même dans le sommeil. La mort-seule les rend entier, les rend eux-mêmes, les délivre de ce corps, une entrave. La mort-seule est un véritable repos, éternel, mais on ne sent pas les années passer. La mort est merveilleuse car il n'y a plus de corps: ils ont pourri.

Cran d'arrêt


Lassive est la vie

Dans les eaux brunes s'endorment
Les fées des paradis perdus, puants
Ces fées aux grimaces sinistres qui traînent derrière elles une odeur macabre ouverte à l'avenir.

Dans les eaux brumes s'égarent
Les rêves assoupis qui ferment les paupières
Comme un refus à l'existence possible d'un retour, comme un refus à trouver le chemin, ils veulent rester inassouvis, se perdre ailleurs.

Dans les eaux brûlées s'évaporent
Les amours passés à l'eau-de-vie, ceux qui se couchent dans k'herbe rouge avec des baisers essouflés
Les amants oubliés, ravagés, malgré le temps, dont la tombe reste de marbre, froide, sans un sourire aux fantômes.



Oui, tu le disais, et tu le répètes avec une lueur avide, je suis ivre, le bourbon enflamme mon sang, s'éparpille sur mon corps insurmontable, je suis ivre, j'erre dans les rues désertes, je glisse sur le pavé humide, le sang gicle, et j'hurle mon rire à la lune lugubre, je déglutis, je vomis les roses que tu m'as forcée à mâcher sans un cri, et j'avorte de toutes ces peurs qui sont des chaînes. Et je dis aux cachots: Fuis!