lundi 10 septembre 2012

Artifices inconditionnels

Comment fait-on dans le noir quand les hirondelles meurent seules d'asphyxie sommaire ? Il faut alors, doucement, éteindre le feu en nous, étendre la vague salvatrice, étreindre sa destinée dans d'autres forêts, d'autres roseaux, d'autres espérances. et s'en aller s'en recueillir, au point du jour, dans les marais salants, dérober la flamme ultime, qui bouleversera les désarrois subliminaux, les âpres tournois issus des bas-fonds et qui lentement, prennent leur envol en ton être, subtil ou fragile, tu t'abandonnes au désordre, et les cris, les cris ne sont que des fragments d'un bouillonement intérieur trop vaste pour que l'on capitule, indicible ou ineffable, il n'y a de mots que pour les êtres faibles, ceux qui ne savent pas dire avec les yeux ou bien l'inflexion de la voix, ceux qui ne savent pas évoluer sans ce recours au monde figé, comment croître hors du rigide. Je suis de ces faibles. Les rois peuvent se fendre la gueule, enfreindre les règles - les reines savent tricher ostensiblement - et tuer toutes les hirondelles, on verra bien au lever du jour.

Lost-marc'h, 20 août 2012

L'infinitude, le sentiment d'infini qui m'éprend face à tant de beautés. le bruit de la mer, le roulis des vagues, sempiternel, régulier dans son explosion, envahit tout l'espace sonore. La grève s'étend sur la gauche, vers le sud, dans la couleur un peu fade de son sable qui, par endroits, là où la mer a déposé ses flaques et où elle coule encore, laisse des espaces plus scintillants, reflétant la grandeur du ciel dans un gris de bleu humide. le vent, le vent qui vient de face, de l'ouest, de l'horizon, le vent comme partout ici, pour donner une impulsion, insuffler une énergie aux beautés immobiles de cette côte. les rochers, gris est un mot trop terne pour désigner leur couleur, car elles sont multiples, changeantes selon la lumière, capricieuses, nuancées, les rochers sont recouverts de mousse ou bien de végétation maritime, petites feuilles au vert tendre, petites fleurs au jaune pimpant, léger au vent. Auparavant c'était la lande couverte de bruyère appuyée contre le ciel bleu, et les chemins qui serpentent vers la falaise. J'inspire profondément, je ferme les yeux, et c'est tout l'océan qui vient à moi, à travers le souffle de la mer, le vent qui vient de loin, le bleu changeant, intense, irisé de l'eau qu'il me suffit d'imaginer. S'éloigner vers l'horizon, qu'est-ce que cela serait ? Quand déjà l'horizon s'arrête en moi, quand déjà la vue me suffit pour me sentir entière, pleinement au monde, ancrée dans cette beauté grâce à mes sens.