samedi 12 novembre 2011

Il y a un an.

Mer d'aujourd'hui, mère d'hier, tu t'égares, tu chavires à toi toute seule tous les radeaux ancrés au port, le XVIIe siècle et ses frégates est loin, juste c'est la tempête, tu as besoin d'un corps à étreindre, qu'importe lequel, qu'importe le navire pourvu qu'il y ait la passion, cette folie furieuse qui dévaste les coques, mer, odeur d'embrun, solitude dans tous ses états, tu ne manques qu'à toi-même, solitude de la plage, cette grève infinie au sable gris, dunes légères, vent impertubable, mer d'avant-hier, tu grondais déjà du fond de tes entrailles, bas-fonds sous-marins qui réclament la tendresse, tes poissons, tu peux te les garder, leur corps humide, éventré, oublié, consumé, ébahi.
Tes derniers ébats, t'en rappelles-tu, mer terrible, comme une envie d'en finir avec cette terre froide, mer à jamais en ébullition, tes bulles ignorantes, innocentes, à la surface des vagues, blessantes sur la crête comme dans la lame, mais moi je ne peux oublier, ces blessures pourfendantes et ton âme terrestre, tes vagues sanglantes, cinglantes, un coup de fouet, blessures dissimulées sous les châteaux des enfants maladroits, armes désarmantes.
Quelle étrange vie qu'est la nôtre, corail trahi en son sein, par la mer-délivrance, toute-puissance, merveilleuse eau limpide, si seulement. La marée, attendre la marée, par cette mer d'hiver, à contempler le vent, à s'extasier du silence, jamais tu ne sauras mes secrets bien gardés dans la chaufferie, la clé est mouvante comme tes eaux, impertubable aux secousses, et j'aurais beau crier mon amour, la mer sourde à tous les caprices, insomnie rythmée par la pluie, tes mots sont des prisons anciennes, insensées. L'absurdité du rythme, ton rythme, me remonte dans la gorge et va s'écraser contre tes falaises, ô mèr.
Insensible aux chagrins.