jeudi 30 octobre 2008
La vie est ailleurs
Déjà l'automne arrive. Le ciel se fait moins éclatant et orgueilleux, plus pûr, empli de désespoir face à la fatalité. Il devient possible de s'asseoir cinq minutes au soleil, sans vouloir rechercher la fraîcheur de l'ombre. Les jours raccourcissent, mais le crépuscule reste le même, une hésitation entre le jour et la nuit, une ambiguité suspendue, l'éternité dans le ciel pour quelques instants. Le mieux, c'est peut-être la mort progressive des arbres. L'incandescence éphémère. Ils se couvrent de feu, comme pour afficher leur dernière beauté avant la mort éphémère. On déterre des marrons, on collectionne les touts-lisses pour les jeter depuis le balcon ou dans les flaques d'eau. On dort avec des chaussettes. On crie des insanités dans le vent. Et on rêve d'un mois de novembre en Bretagne, la brume, le sable froid, le vent parmi les dunes, la mer grise, l'absence de roses. On rêve de solitude.
mercredi 22 octobre 2008
Enfouis sous la neige.
Le baiser de la neige me surprit, je ne pouvais y échapper, le ciel écarlate n'était pas assez bas, ma main livide tendait vers l'espoir désespéremment. Ton rire se brisa parmi les nuages, se fondit à la neige, le mien ne voulût s'y mêler, trop impur, trop froid. Les soleils d'or et les arbres en feu rythmaient nos saisons, nos corps battaient à l'unisson, tu avais abandonné ta main le long de ton corps, mais je ne l'ai pas saisie, j'ai embrassé tes yeux, malgré les reproches qu'ils m'adressaient, la neige était bleue sur nos corps ensevelis, les arbres nus refusaient la mort, revivaient dans le froid giflant, et tu avais pitié de leurs branches démembrées. Tu collectionnais les feuilles mortes, les amassais pour me jeter dedans, et j'enfouissais mes larmes dans le creux de ton cou, là où l'on murmure les adieux, là où le frisson parcourt la peau nue, sans pudeur. Je tentais parfois de crier mon Extase, mais elle restait accrochée à mon estomac, l'alourdissait, pourtant j'étais si légère que même une fois le vent m'a emportée dans un tourbillon de désirs. Outrance, outrage, tu ne m'as pas retenue, tu as admiré ma fuite, semblable à celle d'un soleil calciné, et tu m'as regardée mourir, avec patience et anesthésie. Je tremblais souvent, quand ton silence était trop bruyant, et que ce vacarme trahissait ton désarroi, ta rage, ta ferveur, tu sentais mon corps se crisper sous les draps et tu te détournais. J'avais un goût d'amertume dans la bouche, que tu m'avais déposé sur la langue comme un présent, et je n'avais plus peur de toi. Sous la neige et sous l'arrogance, dans l'obscurité de notre antre, le soleil de tes yeux, le feu de tes mains avait disparu. Plus rien ne comptait, nous mourrions avec délice.
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